Alors que de nombreux gouvernements africains tentent de ralentir le trafic de cornes de rhinocéros, un débat émerge dans les pays d’Afrique australe : pourquoi ne pas légaliser le commerce de ces cornes afin de faire chuter les prix et affaiblir le marché noir ?

Les arguments des pro-commerce

Lors d’une récente conférence, Ted Reilly, un responsable des parcs nationaux du Swaziland, a dénoncé ce qu’il appelle le lobby des anti-commerce. Selon lui, ces opposants à la légalisation participeraient indirectement à l’extinction des rhinocéros en refusant d’écouter les gardiens qui possèdent et gèrent 93 % des rhinocéros africains.

« L’interdiction du commerce ne va pas dans le sens de la protection des rhinocéros. Elle favorise des profiteurs et des organisations sans scrupule qui n’ont jamais rien fait pour eux. »

Les détenteurs privés, particulièrement en Namibie et en Afrique du Sud, soutiennent que légaliser la vente des cornes permettrait de générer des fonds pour la conservation et de financer des actions d’anti-braconnage. Ils soulignent également que les cornes régénèrent naturellement après un écornage, ce qui en fait une ressource renouvelable.

Les doutes des opposants

Cependant, les ONG internationales dénoncent le côté mercantile de cette gestion. Elles remettent en question les motivations des détenteurs de rhinocéros, craignant qu’ils ne voient ces animaux que comme un investissement lucratif.

La question se pose également sur les conséquences pour les animaux : les opérations d’écornage sont-elles nuisibles pour leur bien-être ? Les risques de corruption et de dérives sur le terrain pourraient également compliquer la mise en œuvre d’un commerce réglementé.

Une solution historique ?

L’idée de financer la conservation grâce à la vente de cornes n’est pas nouvelle. En 1952, le conservationniste sud-africain Ian Player avait lancé l’Operation Rhino, une initiative visant à sauver les rhinocéros blancs grâce à des déplacements stratégiques financés en partie par la vente de cornes.

Un débat à poursuivre

Si les arguments des gardiens, comme ceux de Ted Reilly, méritent d’être pris en compte, il est essentiel de les croiser avec les avis des spécialistes en biologie et en éthologie animale. La question de l’impact réel sur les populations de rhinocéros et sur l’écosystème reste encore ouverte.

Retour à l'accueil