Il est des histoires comme certains films : on aimerait qu’ils n’aient existé que dans l’imagination de leur créateur. Malheureusement, la réalité nous rattrape très souvent…

Voici les images rares d’une équipe, en l’occurrence celle d’un binôme de Wildlife Angel, en appui de la Brigade Félins au parc W Niger.
Tout commence par un message d’urgence reçu au quartier général : des coups de feu ont été tirés près du fleuve Niger, et un éléphant mâle aurait été visé.
Bien que cela ne soit pas leur zone d’intervention habituelle, la brigade est dépêchée sur place pour rendre compte au Conservateur et prendre les mesures nécessaires.
En route, un responsable de la surveillance confirme : l’éléphant a bien été braconné et est blessé, couché, très agité. Un agent de surveillance guide l’équipe jusqu’à l’animal.

Des images rares d’un éléphant braconné
Il est exceptionnel d’obtenir de telles images, capturées en temps réel avec une caméra infra-rouge au crépuscule.
Depuis des années d’opérations à travers l’Afrique, c’est une première. Par chance, un cameraman – présent pour une autre mission – a pu immortaliser ces instants.
Ces images traduisent la réalité de notre travail : sa dangerosité, sa rigueur, et l’intensité émotionnelle qu’il suscite.

Une procédure stricte pour minimiser les risques
L’animal a été touché à la tête et souffre énormément. L’approche doit être précise, rigoureuse, et respectueuse du protocole :

  1. Approche en silence par l’arrière, en tenant compte du vent
  2. Lancer d’une pierre pour tester la réaction auditive
  3. Approche en contact arrière avec protection, test de réaction au toucher en tirant la queue
  4. Prise en sandwich et test de réaction à l’œil (réflexe oculaire)

Si aucune réaction n’est observée, on peut conclure à la mort de l’animal. Ce n’est qu’alors que le reste de l’équipe est autorisé à intervenir et à sécuriser la scène de crime.

Le chemin vers la mort
Ce n’est pas la première fois que ce binôme emprunte ce chemin vers la mort.
Une précédente mission, en Namibie, avait déjà confronté les rangers à la piste sanglante laissée par un rhinocéros braconné.
À chaque pas, on espère encore que l’animal soit vivant, que ses blessures soient bénignes. On pense à lui, avant même de penser à sa propre sécurité.
Mais un animal blessé – qu’il soit félin, éléphant ou rhinocéros – ne fait pas la différence entre un criminel et un ranger.
Pour lui, l’homme est la menace. Il peut charger sans distinction. Pourtant, les rangers doivent s’approcher, vérifier son état, et parfois – quand il n’y a plus d’espoir – abréger ses souffrances.

C’est une étape terrible. Tous ceux qui ont dû dire adieu à un animal de compagnie savent ce que l’on ressent. Ce moment est chargé d’émotions violentes, de tristesse, de colère contre l’espèce humaine.
Cet éléphant n’avait pas de nom. Il n’était pas célèbre comme Cécil ou Vince. Aucun scientifique ne s’était intéressé à lui.
Mais il est mort un soir de mars, dans l’indifférence générale, tué pour quelques kilos d’ivoire… qui n’ont même pas été récupérés.

Malgré notre présence, malgré les patrouilles régulières, malgré la surveillance, certains osent encore tuer.
Le combat sera long. Nous parcourons encore de nombreux chemins vers la mort, mais notre objectif reste inchangé : marcher ensemble vers le chemin de la Vie.

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