La région de Zambezi, anciennement bande de Caprivi, est un territoire stratégique en Namibie. Située entre l'Angola, le Botswana et la Zambie, cette zone accueille la plus grande population d’éléphants du pays, avec plus de 10 000 individus résidents et des milliers en transit. Malheureusement, cette richesse faunique attire les trafiquants d’ivoire, qui profitent de la perméabilité des frontières pour alimenter un marché noir florissant.
Une infiltration dans le trafic d’ivoire
La journaliste chinoise Shi Yi s’est rendue à Katima Mulilo, capitale régionale, pour enquêter sur le commerce illégal d’ivoire. Se faisant passer pour une acheteuse potentielle, elle a été frappée par la facilité avec laquelle on lui proposait des produits d’ivoire. Son enquête l’a également conduite au marché d’Okahandja, à 80 km au nord de Windhoek, bien connu pour ses boutiques de souvenirs. Là, des trafiquants lui ont présenté non seulement des défenses d’éléphants, mais aussi des griffes de lion, adaptées aux croyances asiatiques.
Cette infiltration a mis en lumière une collusion entre locaux et acheteurs asiatiques, facilitée par une connaissance précise des pratiques culturelles de ces derniers. Les Namibiens impliqués sont familiers avec les coutumes chinoises, ce qui illustre la profondeur des liens commerciaux illégaux.
Un problème exacerbé par la présence chinoise
Ces dernières années, la Namibie a vu une augmentation des affaires de braconnage impliquant des ressortissants chinois. Si le gouvernement namibien a intensifié ses sanctions, passant des simples amendes à des peines d’emprisonnement, le problème persiste. En arrière-plan, les relations diplomatiques et économiques entre la Namibie et la Chine compliquent une approche plus stricte contre les trafiquants.
L’enquête de Shi Yi révèle un aspect inquiétant : la présence d’intervenants chinois des deux côtés de la chaîne de trafic, du braconnage local à la demande en Asie. Ce constat souligne l’efficacité des réseaux illégaux et la difficulté de les démanteler.
Un défi pour la Namibie
Malgré les efforts du gouvernement namibien pour protéger sa faune, la montée du trafic d’ivoire et le rôle des syndicats internationaux posent un défi majeur. La coopération internationale, associée à des actions locales renforcées, est essentielle pour contrer ce fléau.