Quatre braconniers supposés ont été abattus et trois autres blessés depuis décembre 2016 dans le Bwabwata National Park, dans l’est de la Namibie. Les unités anti-braconnage semblent être passées à la vitesse supérieure pour répondre aux actes criminels qui sévissent dans la zone. Le ministre de l’Environnement a salué les résultats obtenus, bien que les populations de rhinocéros et d’éléphants aient lourdement souffert en peu de temps.
Un manque important de formation à l’anti-braconnage
À plusieurs reprises, Wildlife Angel a proposé au gouvernement namibien de reprendre en main la formation des troupes sur le terrain. Réponse : pas besoin d’aide, les équipes sont composées de militaires et policiers expérimentés en patrouille et intervention.
Pourtant, des habitués des réserves du nord-est du pays ont témoigné d’un manque de professionnalisme évident de ces unités. Wildlife Angel s’appuie sur des observations précises pour affirmer que certains opérateurs privés sont mal préparés et potentiellement dangereux, surtout lorsqu’ils sont armés et insuffisamment formés.
L’amère réalité : des civils pris pour cibles
Le 15 mars 2017, une famille de Windhoek accuse une unité anti-braconnage de tentative de meurtre.
Harald Keil (33 ans), son épouse Teresa, et leurs deux filles (Alexia, 3 ans, Caytlin, 2 ans) circulaient dans le parc de Bwabwata après un safari, sur une route tristement célèbre : trois touristes français y avaient été tués en 2000 par des hommes en uniforme.
Ce jour-là, à 15h, leur voiture a été encerclée par 10 à 15 hommes armés, certains en civil, d'autres en tenue militaire. Selon la police, les unités suivaient des traces de braconniers et ont tenté de stopper la voiture pour fouille.
Le conducteur ne s’est pas arrêté, paniqué par l’absence de communication et d’identification des agents. Les rangers ont alors ouvert le feu : d’abord sur les pneus, puis sur le véhicule. Un éclat de verre a grièvement blessé la fillette de 3 ans, transportée en urgence à Windhoek.
La version du père diffère nettement de celle de la police :
« Ils ont bloqué la route, étaient agressifs, ont ouvert les portes sans répondre, ni s’identifier. J’ai eu peur pour ma famille et j’ai démarré. C’est alors qu’ils ont tiré. »
L’enquête reste en cours. On ignore encore combien de coups de feu ont été tirés et quels agents étaient impliqués.
Le tourisme et la sécurité en question
L’inspecteur général de la police, Sébastien Ndeitunga, a déclaré que les touristes devraient être informés de la présence de ces unités, et qu’une meilleure coordination est nécessaire entre le ministère du Tourisme et les équipes armées.
Le ministre du Tourisme, Pohamba Shifeta, a refusé de commenter l’affaire.
En attendant, les visiteurs des parcs nationaux, notamment de Bwabwata, craignent désormais davantage les unités anti-braconnage que les braconniers.
Ces opérateurs armés montrent plus d’assurance face à une famille avec enfants qu’en présence de gangs organisés. L’élément clé de toute mission de protection – la maîtrise des émotions et de l’armement – semble ici négligé.
Pourquoi, en formation, insistons-nous toujours davantage sur la sécurité dans la manipulation des armes plutôt que sur la performance au tir ?
Parce que c’est une condition sine qua non de protection efficace ET responsable.